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Beaucoup de blanc pour rien

Beaucoup de blanc pour rien

Uyuni - Bolivie

avril 162008

Jour trois cent vingt-neuf. Levés avant l’aube, frigorifiés comme il se doit par l’air sec du petit matin. Les premiers pas sur la croûte du “Salar” nous procurent les mêmes sensations qu’une ballade sur un chemin de neige tassée. Même crissements sous une semelle qui se sent tout à coup très légère. Le sol est d’un bleu polaire sous un ciel qui vire à l’orange. On sautille sur place pour se réchauffer. Le soleil se lève, grosse boule de feu sur l’horizon.

Le Land Cruiser fonce sur l’immense étendue blanche. L’impression d’être en mer, de rouler sur l’eau tel des Jésus Christ en 4×4. Les repères visuels disparaissent, nous voici dans une autre dimension, le grand blanc, un endroit à part perché à plus de trois mille sept cent mètres d’altitude, douze kilomètres carrés de platitude virginale.

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Le “Salar de Uyuni” est l’une des attractions touristiques majeure du pays. Mais il attire également la convoitise de nombreux rapaces occidentaux et chinois. La faute au lithium dont les sols du “Salar” abritent le tiers des réserves de la planète. La demande au niveau mondial est si forte, (notamment pour la production de batteries en lithium-ion pour le marché de l’informatique et de la téléphonie) que depuis 2003, le prix de ce métal est passé d’environ 350 dollars la tonne, à près de 3000 dollars en 2008. Le gouvernement socialiste d’Evo Morales l’a bien compris. Il vient de lancer un projet d’exploitation de ce minerais à large échelle dans la région d’Uyuni,en interdisant toutes concessions aux sociétés étrangères. L’incomparable richesse du sol tranche ici avec l’extrême pauvreté de la population, la Bolivie étant le plus pauvre pays du continent sud-américain.

Nous nous arrêtons à proximité d’une “île” pour le petit-déjeuner. Alors que Felicia, en jupette et chapeau melon traditionnel, sort les brûleurs pour chauffer le café et préparer le repas de midi, nous en profitons pour grimper au soleil sur le gros monticule de corail parsemé de cactus géants qui se dresse devant nous.

Colchani vers midi. Maisons de sel et de pisé, une église décrépie en bordure d’une place du village désertique. Quelques affiches électorales déchirées. “Evo Président, le peuple vaincra !” Des lignes électriques croisent le fer avec d’improbables antennes TV délicieusement tordues et pointant vers le ciel.

Une fratrie de porcelets reniflant entre les rails guette le moindre déchet à se mettre sous la dent. Là-bas quelques très jeunes hommes chargent du sel à la pelle dans une semi-remorque décatie. Partout, les petits cônes blancs attendent que le soleil les vide de leur humidité. Le sel, c’est l’autre richesse de la région. Le “Salar” c’est une réserve estimée à dix millions de tonnes d’or blanc.

A Uyuni, chef lieu de la région, nous quittons nos chauffeurs et notre cuisinière. Les Spice Girls quant à elles sautent dans le premier bus pour continuer leur périple post-collégial.

Avec Odette et Christian, nous nous trouvons une chambre dans une pension située derrière la caserne d’un régiment de cavalerie. Le son des tambours et trompettes militaires nous accompagne pendant la sieste.

En soirée, nous marchons jusqu’au sud de la ville pour visiter un étrange cimetière de train. Carcasses rouillées sur fond de solitude. Lumière dorée pour ces dizaines de locomotives sans vapeurs qui nous rappellent que ce coin de pays était l’un des noeuds ferroviaires le plus important du continent. Jonction des lignes arrivant de La Paz au nord, d’Antofagasta sur la côte chilienne à l’ouest, de Potosi à l’est et de Villazon (près de la frontière argentine) au sud.

Le soleil se couche sur les rails et les gravats. Le vent du soir s’en vient agiter les milliers de sacs plastiques pris dans les épineux. Odeurs de poubelles et de pisse, les faubourgs déjà. Quelques ivrognes nous toisent du regard. On ne s’attarde pas. Le son du tambour, la jeune sentinelle au casque blanc, les fils de fers barbelés. Notre petit tour dans le Sud-Lipes s’achève.

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El Cóndor Pasa

El Cóndor Pasa

Pena Blanca

avril 152008

Jour trois cent vingt-huit. A l’aube, les moteurs tournent déjà et les chauffeurs grattent la couche de glace qui s’est formée pendant la nuit. La lumière sur la lagune est féerique, la sensation de froid, stupéfiante. Nous reprenons la route pour nous arrêter rapidement devant de petits geysers.

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Frémissements de boues gluantes ou l’odeur de souffre est bien présente. L’activité volcanique est intense dans la région. Nous traversons le désert du Siloli. Rochers isolés aux formes surréalistes dont le célèbre “Arbol de Piedra”, l’arbre de pierre.

Lacs colorés, volcans, plateaux arides et ciel bleu, quelques vigognes et beaucoup de flamands roses. A midi, nous déjeunons chez un berger. En dégustant notre soupe, nous apercevons au loin les fumerolles qui lèchent les flancs du volcan Ollagüe (5’870m). Devant la cabane, des pattes et ossements de lama traînent un peu partout. Sur le toit de chaume, se dresse une grande croix en bois rafistolée.

Leoncio, nous montre une boule de lichen d’un vert presque fluorescent. La “llareta” est un lichen d’altitude très dur qui résiste au gel et au sel. Composée d’une multitude de fleurs microscopiques, il peut vivre quatre à cinq siècles et ne pousse que de cinq millimètres par an. Les indigènes le fendent avec une hache. Cette plante qui contient une espèce d’essence de térébenthine est un combustible exceptionnel dans une région où il est plus facile de trouver du borax que du bois de feu.

Nous traversons une voie de chemin de fer en bordure d’un désert de sel. Ces rails relient depuis 1873 la ville minière d’Uyuni en Bolivie à l’Océan Pacifique dans le port chilien d’Antofagasta. En 1879, la Guerre du Pacifique éclate entre le Chili, le Pérou et la Bolivie. En 1884, les boliviens perdent leur département du Littoral qui était leur unique accès à la mer. Coup dur pour les mines, les chiliens se frottent les mains.

San Juan, plus tard dans l’après-midi. Un village perdu sur les bords du grand lac salé. Des rues balayées par la poussière et le vent. Une église, une école, un semblant de terrain de football qui fait le bonheur des gosses. De vieux “pick-up” américains, rouillent tranquillement au soleil. Dans le désert alentour, pousse miraculeusement l’incroyable Quinoa, base de l’alimentation andine.

A l’heure du coucher de soleil des camélidés se dessinent en ombres chinoises sur fond de “Salar” incandescent. Une jeune femme suivie d’un gros chien pouilleux ramène un troupeau de lamas au village de Pena Blanca où nous passons la nuit.

Pendant le repas du soir, nous assistons au triste spectacle de mêmes qui viennent souffleter dans leurs sikus pour ramener quelques monnaies à la maison. Malaise de part et d’autre dans le groupe. Faut-il encourager ce genre de gag ? Pour la plupart d’entre nous, il s’agit de notre première dépense en territoire bolivien. Les billets tombent à défaut de ferraille. “El Cóndor Pasa ” même martyrisé par des enfants sans enthousiasme peut rapporter gros aux familles du village.

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Borax

Borax

Laguna colorada

avril 142008

Jour trois cent vingt-sept. Près d’une cahute en pisé qui sert de poste frontière, le drapeau bolivien claque au vent glacial de l’altiplano. A quelques mètres de là, une carcasse d’autobus fait office de latrines. Au loin, le volcan Licancabur se dresse, majestueux, comme un triangle posé sur un plateau brun aux herbes rases.

Nous faisons la connaissance de nos guide et chauffeurs. Leocio pilotera le Land Cruiser bordeau. Marcus et son épouse Felicia roulent dans un Land Cruiser blanc impeccable qui servira de cuisine roulante à toute l’équipe pour ses deux jours de voyage à travers la province du Sud-Lipes.

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Nous voyageons avec Odette et Christian, nos deux amis suisses rencontrés à San Pedro de Atacama. Nous partagerons les véhicules avec trois hollandais en vadrouille et quatre jeunes anglaises frigorifiées.

Comme sur une autre planète, nous traversons des paysages irréels parsemés de lagunes blanches, vertes et rouges. Le sol regorge de borax, de magnésium et autres minerais qui colorent ces lacs d’altitude où s’ébrouent des centaines de flamands roses.

Petit arrêt pour une trempette dans un bassin où l’eau sort à plus de trente-cinq degrés Celsius. Agréable moment, les oreilles glacées et le corps bien au chaud dans notre baignoire naturelle à plus de quatre mille mètres d’altitude.

En fin de journée, nous regardons le soleil se coucher sur la “Laguna Colorada”. Les bourrasques provoquent des nuages de borax, petites taches blanches sur les flots moutonnés et orangés.

La température, tout comme la nuit, tombe brusquement. Nous nous installons dans les baraquements d’un ancien complexe électrique. Felicia nous prépare une soupe chaude. Les chauffeurs quant à eux protègent les capots des véhicules avec d’épaisses couvertures. Nous sortons nos gants, bonnets et autres sous-vêtements thermiques. La soirée va être très froide. Nos quatre “Spice Girls” britanniques quant à elles, n’ont pas jugé utile de s’encombrer de vestes et autres sacs de couchage. Elles en rigolent en se serrant les unes contre les autres en attendant que ça passe. La goutte au nez, nous entamons avec Odette et Christian un match aux cartes endiablé avant de nous glisser dans nos duvets.

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On a marché sur la Lune

On a marché sur la Lune

San Pedro de Atacama

avril 132008

Jours trois cent vingt-trois à trois cent vingt-six. Les formalités douanières sont expédiées en quelques minutes au col de Jama, à plus de quatre mille deux cent mètres d’altitude. Nous voici donc de retour au Chili, au nord d’Antofagasta, dans le désert d’Atacama. Les terres les plus arides de la planète. Un ciel bleu d’une pureté incroyable chapeautant des immensités de sables et de roches rouges-oranges.

Ici, l’horizon est barré à l’est par une ligne volcanique, marquant la frontière avec la Bolivie et l’Argentine. Les volcans frôlent les six mille mètres, entourés de lagunes turquoises, de geysers et de canyons encaissées. En plus des classiques mines de fer et de cuivre, l’endroit abrite aussi le plus gros spectroscope du monde situé sur un haut-plateau à cinq mille cent mètres au-dessus du niveau de la mer. L’ALMA c’est son nom, est composé d’une soixantaine d’antennes géantes qui envoient des ondes dans l’espace pour tenter de percer le mystère de la création des planètes.

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Ce désert est réputé dans le domaine de l’astronomie en raison de la sècheresse extrême du lieu ainsi que de l’absence de pollution lumineuse. C’est aussi dans le coin que la NASA a testé les véhicules qui se promènent à l’heure actuelle sur Mars. Nous en profitons pour passer une nuit la tête dans les étoiles, écoutant les explications d’un astronome français, installé à deux pas du village depuis plusieurs années. Il organise des sessions d’initiation à l’astronomie, tentant d’inculquer quelques notions de bases aux touristes de passage. Expérience incroyable, où l’on savoure l’humour pince sans rire du bonhomme autour des six énormes télescopes pointés vers la Lune, Saturne et les autres.

Un autre jour, seuls sur la dune, nous dominons la “Valle de la Luna”, incroyable plateau désertique perdu à quelques kilomètres de San Pedro. La nuit va bientôt tomber. C’est le moment choisis par les tour-opérateurs pour déverser leur cargaison de badauds. Nous avions préféré découvrir le coin à vélo, loin de la foule et des odeurs de crème solaire. Dure et belle journée, toute en chaleur et sueurs. Au retour, l’ombre de nos bicyclettes vacille sur le bitume sous la lumière de la lune.

Plus tard à Toconao, petit bourg poussiéreux à l’entrée du salar. Trois croix de bois et un antique camion Ford délabré pour accueillir les étrangers. Des vieux pick-ups américains qui ronronnent dans les rues étroites. Le beffroi de l’église et ses bois de cactus. A quelques encablures de là, une tranchée verte, La “Quebrada de Jerez”, un petit vallon au fond duquel serpente un ruisseau. Havre de paix et de fraîcheur. Végétation luxuriante, arbres fruitiers, quelques plans de vignes et un réseau malin de canalisation datant paraît-il de l’époque inca.

Petite cour intérieure, hamac, soleil. On passe du bon temps à San Pedro, village pourtant très touristique. La rue principale regorge d’agences et autres restaurants pour gringos. Il suffit pourtant de s’éloigner de quelques centaines de mètres du centre pour retrouver les paysages arides, les maisons en pisé et cette magnifique lumière rasante sur fond de cônes enneigés.

L’occasion de faire de jolies rencontres. Hedda et Michaël, une anglaise et un californien qui voyagent depuis deux ans et avec qui nous avions sympathisé dans le Torres del Paine. Cécile et Vincent, un couple de français partis depuis la Nouvelle-Calédonie planche de surf sous le bras. Quelques suisses aussi. Sandra qui vient du Locle et Odette et Christian, une fribourgeoise et un bernois amateurs de chibre avec qui nous décidons de traverser le Salar d’Uyuni en Bolivie. Mais ça, c’est déjà une autre histoire…

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Arrière-pays
avril 92008

Jours trois cent dix-huit à trois cent vingt-deux. On quitte la “Panamericana” pour tirer à droite sur une petite route de terre défoncée et poussiéreuse. Un plateau aride et légèrement vallonné sur lequel on zigzague entre les ornières des camions et les gros cailloux, en serrant les fesses pour ne rien casser sur notre VW Gol de location. A Hipolito Irigoyen, un gosse se propose moyennant finance de nous guider pour passer un gué un brin compliqué. Nous passerons sans encombres et il repartira avec quelques monnaies en poche.

Le chemin se fait de plus en plus difficile. Une longue montée, en première vitesse. De nombreux passages de torrents, une route par moment boueuse où tout arrêt est interdit. On roule fenêtres ouvertes et chauffage à fond pour évacuer la chaleur du moteur.

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Quatre mille mètres d’altitude, “Abra del Condor”, le col, enfin. Nous n’aurons croisé aucun véhicule durant toute la grimpette. Pause, radiateur au vent et capot ouvert.

Nous nous approchons intrigués d’un tas de pierre encombrés de déchets en tout genre. Briques de vin rouge, paquets de biscuits, cigarettes, bouteilles de bière, fleurs séchées qui sont autant d’offrandes à une vierge au sourire énigmatique, peinte maladroitement sur un rocher.

Du haut de notre crête, nous admirons les lacets de terre qui plongent dans la “Quebrada de Iruya”. Au loin, nous distinguons le nuage de poussière soulevé par une petite voiture. Dans la descente, nous nous arrêtons pour discuter avec ses passagers. C’est ainsi que nous faisons la connaissance d’un couple de suisses (de Villars) perdu comme nous dans les montagnes argentines !

Après avoir passablement raclé notre châssis lors de trop nombreux passages de ruisseaux, nous arrivons enfin à Iruja. Soixante-six kilomètres de ballade pour quatre heures de conduite un peu limite avec une bagnole aussi basse que la nôtre.

Iruya. Un village accroché à sa montagne et encerclé par de violents torrents. Une place devant l’église ou quelques vieillards discutent en chassant les clébards avec des gestes lents. Des ruelles étroites et pavées de pierres glissantes. Nous nous dégottons une pension dépeuplée et tenue par une grand-mère bienveillante.

Le lendemain, nous décidons de rejoindre le hameau de San Isidro à trois heures et demie de marche plus au nord. Un vétuste cabot nous prend en sympathie et se jure de nous accompagner dans notre vadrouille malgré une vilaine blessure à la patte qui la fait claudiquer (c’est une dame) méchamment.

La seule voie d’accès à San Isidro et le lit de la rivière. L’unique route a été emportée il y a bien longtemps par les intempéries embarquant dans sa chute la ligne électrique et le téléphone. La population emprunte donc chaque jour ce chemin caillouteux pour se rendre à l’école, chez le médecin ou faire ses courses. Les plus âgés se faisant aider par un âne, les plus fougueux à dos de cheval. Notre animal de compagnie d’un jour n’en peu plus. La langue tirée, la chienne se couche à chaque zone d’ombre, nous suppliant du regard de faire demi-tour. Gâteux, nous lui filons notre quatre heures.

Le sentier s’engage sur les flancs du rio, contournant des à-pics vertigineux. Nous dérangeons des bandes de bourricots qui broutent tranquillement sous les eucalyptus. Nous arrivons à San Isidro vers midi et nous arrêtons pour boire un verre dans un troquet improvisé. Le patron du lieu semble tout content d’avoir de la visite et nous sort son album photo. Il se met à nous commenter les scènes de carnaval, la montée du bétail à “l’alpages”, les ballades sur les sommets. Tout y passe. Nous goûtons à quelques abricots un peu vert et jetons un oeil à la blessure de notre toutou. La plaie s’est ouverte et saigne légèrement. L’animal nous regarde avec un air un peu triste. Séniles, nous lui cédons nos derniers biscuits.

A l’heure du départ, nous regrettons de ne pas avoir apporté nos sacs de couchage. Nous aurions bien passé la nuit dans ce petit village de trois cent âmes, complètement coupé du monde.

De retour à l’auberge d’Iruya, nous tentons de désinfecter la blessure de notre pataud. A l’approche de la Betadine, le bâtard effrayé grogne et s’enfuit en clopinant. Merci pour la ballade !

Un peu échaudés par la casse kirghize de notre joint de culasse et alertés par une tache suspecte sous le moteur de la Gol, nous guignons sous son capot. Bonne idée ! Le vase d’expansion était vide. Nous rajoutons donc deux litres d’eau dans la machine et la déplaçons à la main de quelques mètres pour voir si la trace réapparaît.

Le lendemain, nous constatons que la voiture ne perd pas de flotte. Nous nous mettons en route. À la sortie du village, une déviation nous fait emprunter le fond du cours d’eau. La Gol ramasse du gravier à la pelle. Quatre heures plus tard, nous retrouvons avec joie le bitume de la panaméricaine qui nous reconduit jusqu’à El Carmen où nous avions réservés une chambre dans notre pension adorée.

Nous retrouvons ainsi le monde “civilisé” et sa télévision, TV5 Monde, Julien Lepers et le téléjournal suisse. Etrange. Les meilleurs représentants de la culture francophone sur les réseaux câblés sud-américains sont “Questions pour un champion” et “Les Chiffres et les Lettres”.

Le matin, nos hôtes nous offrent un petit-déjeuner gargantuesque ainsi qu’une petite bouteille remplie de sable d’Ambra Pampa en guise de cadeau d’adieu.

A midi, nous retrouvons Salta et sa grisaille. Nous rejoignons l’agence de location de voiture en évitant les flaques pour ne pas salir une Gol fraîchement nettoyée.

Dernière soirée en Argentine. Nous la passons au restaurant, goûtant une ultime fois aux délices des ses viandes et de ses vins.

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Sel, vigognes et adobe

Sel, vigognes et adobe

Florida, Purmamarca, Jujuy, Argentina

avril 42008

Jour trois cent dix-sept. Nous contournons le chef-lieu de la province en empruntant “l’autopista” qui grimpe dans une sorte de “Val Maggia” en plus large et plus verdoyant. Au détour d’un virage, le panorama change du tout au tout. Nous revoici en plein western spaghetti. Canyons pelés, cactus et bourricots. Nous entrons dans la “Quebrada de Humahuaca”. La région est à la frontière de la Bolivie et du Chili.

La route grimpe méchamment jusqu’à un col à plus de 4164 mètres d’altitude. La vue y est étourdissante. Des mamelons parsemés d’herbes rases et balayés par les vents. A cette altitude, on distingue encore, à l’abris dans de petits vallons, quelques cahutes, des bergers avec mulets et moutons.

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Descente. Un orage se prépare sur l’altiplano argentin. Nous traversons les “Salinas Grandes” et nous nous arrêtons pour faire les zazous dans cette immensité blanche. A l’heure de la soif, nous nous mettons en panne dans un village perdu en bordure du salar. Ruelles fantômes, tornades de sable entre les adobes, des sacs à puces somnolent à l’ombre du clocher. Quelques cochons grognent dans leurs enclos. Deux gosses jouent aux billes devant un “comedor” improbable. Accueil convivial, empanadas croustillantes, soda américain sur fond de tango grésillant.

Sur le bord de la route, un troupeau de vigognes nous observe en mâchouillant. C’est animal proche du lama mais non-domestiqué avait presque disparu au début des années septante. Depuis, une loi sévère en interdit la chasse et l’espèce revit. Sa laine est très réputée et parmi les plus chères du monde (bien plus chère que l’alpaca).

Re-col, re-descente. Au milieu du chemin, nous nous stoppons pour mettre en boîte une grosse araignée poilue et…écrasée. Nous jetons l’ancre dans le très joli bourg de Purmamarca. Ici, les locaux semblent avoir compris que l’architecture traditionnelle en pisé peut être traitée de manière contemporaine. Les projets d’hôtels design fleurissent pour le plus grand plaisir des touristes.

La colline derrière l’église se pare d’un extraordinaire dégradé de couleurs du terracota au vert tendre. La nuit tombe sur ce patelin-écrin et la température chute violemment. Nous nous réfugions dans un restaurant magnifique pour déguster des plats de la région à base de quinoa et de gros haricots verts.

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Canyon

Canyon

El Carmen, Jujuy, Argentine

avril 32008

Jour trois cent seize. Le lendemain, nous mettons le cap au nord et empruntons la route 68 en direction de Salta. Les vignobles cèdent la place à d’étranges dunes de sable beige qui parfois viennent s’épancher sur l’asphalte. Le décor change soudainement pour se farder de rouge et de brun. Nous entrons dans la “Quebrada de Cafayate”, impressionnante gorge aux rochers de milles couleurs, formes hallucinantes, amphithéâtre de caillasse, rio asséché et cactus démesurés.

Dans l’après-midi, nous traversons Salta pour rejoindre la province de Jujuy. Au sortir de la ville, nous longeons une grosse rivière qui ondule dans un lit de galets gris et sombres. Comme une impression de déjà vu, un panorama de vallée tessinoise. La route très étroite glisse sur les flancs de reliefs recouverts d’épaisses forêts.

Nous arrivons à la tombée de la nuit à El Carmen. Le camping semble abandonné, piscine vide et herbes hautes. Le gardien du lieu nous ouvre un bungalow duquel sortent deux clébards rachitiques. L’odeur de moisi nous saute à la gueule au moment où nous pénétrons dans une chambre glaciale et plongée dans une ambiance de film d’horreur. Nous remercions le cerbère pour sa sollicitude et tentons notre chance au centre du village.

Nous parquons la Gol devant une petite auberge à l’enseigne toute biquette. Le propriétaire nous accueille chaleureusement et nous fait la visite. Nous découvrons ainsi, à mille lieues des circuits touristiques la meilleure adresse de tout notre périple. Chambre géante et lumineuse, lit douillet, eau chaude à profusion, propreté impeccable, télévision câblée et prix gentil. Le bonheur.

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Fausses plaques pour vrais suisses
avril 22008

Jour trois cent quinze. La petite Gol prend la poussière sur une “Ruta 40” cassante à souhait. Nous traversons des paysages secs et lunaires, des défilés rocheux aiguisés par les vents et l’érosion. Dans la “Quebrada de las Flechas”, les éperons se dressent vers le ciel dans un même élan.

Ici, tout semble avoir été conçu pour piquer et aiguillonner. Des cactus par milliers aux buissons d’épineux, des cailloux à crevaison aux serpents à sonnettes.

Puis la vallée s’élargi pour laisser la place aux vignobles de Cafayate. C’est ici que l’on produit notamment le fameux vin blanc “Torrontes”.

Sur la place du village, nous sommes intrigués par un véhicule de camping tout terrain trimballant de fausse plaques minéralogiques zurichoises.

Nous échangeons quelques mots (en anglais…) avec le couple Baumann, retraités suisses-allemands qui tournent autour du monde depuis quatre ans avec leur Iveco Turbo Daily 4×4 complètement aménagé. Nous leur posons des tonnes de questions en prenant des notes et retenons qu’au-delà de la Turquie, les plaques helvétiques sont inutiles, car les assurances de notre bon pays s’arrêtent aux portes de l’Orient. Malin, Monsieur Baumann, roule donc avec des imitations qui font merveilles à tous les postes frontières sans en payer les frais.

A la nuit tombée, serrés sous notre minuscule tente de montagne, nous rêvons à voix haute d’aventures familiales et mécanisées sur les cinq continents.

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Passages de gués
avril 12008

Jour trois cent quatorze. Il suffit de quitter la ville de Salta lotie au fond d’une cuvette pour retrouver le soleil. Le paysage devient plus sec et caillouteux, mais les récentes pluies rendent les passages de gués parfois difficiles. Dans un virage, un torrent, rapide et brunâtre traverse la route, charriant avec lui de gros cailloux invisibles. Quelques véhicules sont arrêtés sur le bas côtés, les conducteurs scrutant les eaux boueuses en discutant de la meilleure trajectoire à adopter. Nous nous joignons au petit groupe en rigolant.

Un groupe d’excursionnistes abrutis au volant d’un énorme pick-up de location traverse la gouille à fond de train arrachant au passage une protection sous le châssis. Ils ne stopperont même pas pour constater les dégâts, laissant le bout de plastique au milieu de la chaussée. Un indigène se lance, prudemment, de l’eau jusqu’à la calandre de sa vieille Ford Falcon. Il passe. Sous le regard de nos nouveaux amis, en première vitesse, lentement mais sûrement, nous traversons le rio. Ouf !

Le ruban de gravier grimpe à travers la Quebrada de Molino. Nuages gris et montagnes vertes olive. Nous passons la Piedra de Molino (3347m) en plein brouillard. S’ensuit un plateau parsemé d’immenses cactus traversé par une ligne de bitume de quatorze kilomètres surnommée la “Recta de Tin-Tin”. Au détour d’un virage nous retrouvons la Cordillère des Andes et le sommet enneigé du Nevado del Cachi (6380 m).

La route redescend dans une belle vallée légèrement plus verdoyante. Sous les fenêtres des maisons en pisé sèchent les piments rouges. Les bourricots braient sans discontinuer dans leurs enclos. L’impression de voyager dans le temps. L’ambiance du “zorro” de notre enfance. Ne manquent plus que le Sergent Garcia et Don Diego de La Vega.

Nous arrivons à Cachi. Cette petite ville de sept mille deux cent habitants nous charme immédiatement. Eglise blanche au toit en bois de cactus. Sur la “Plaza” fleurie comme pour un spectacle d’Alain Morisod trône la vague statue d’un illustre héros de la nation. Autour des échoppes quelques chiens errants lèvent la patte sur des bagnoles parquées ici et là. Un gaucho à cheval traverse ce tableau la clope au bec.

Sur les hauts du patelin, nous découvrons un camping de rêve au milieu d’un verger. Nous montons la tente avant de sympathiser avec un groupe de voyageurs français. Nous passerons la soirée à nous échanger anecdotes et autres bons plans.

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