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Arrière-pays
avril 92008

Jours trois cent dix-huit à trois cent vingt-deux. On quitte la “Panamericana” pour tirer à droite sur une petite route de terre défoncée et poussiéreuse. Un plateau aride et légèrement vallonné sur lequel on zigzague entre les ornières des camions et les gros cailloux, en serrant les fesses pour ne rien casser sur notre VW Gol de location. A Hipolito Irigoyen, un gosse se propose moyennant finance de nous guider pour passer un gué un brin compliqué. Nous passerons sans encombres et il repartira avec quelques monnaies en poche.

Le chemin se fait de plus en plus difficile. Une longue montée, en première vitesse. De nombreux passages de torrents, une route par moment boueuse où tout arrêt est interdit. On roule fenêtres ouvertes et chauffage à fond pour évacuer la chaleur du moteur.

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Quatre mille mètres d’altitude, “Abra del Condor”, le col, enfin. Nous n’aurons croisé aucun véhicule durant toute la grimpette. Pause, radiateur au vent et capot ouvert.

Nous nous approchons intrigués d’un tas de pierre encombrés de déchets en tout genre. Briques de vin rouge, paquets de biscuits, cigarettes, bouteilles de bière, fleurs séchées qui sont autant d’offrandes à une vierge au sourire énigmatique, peinte maladroitement sur un rocher.

Du haut de notre crête, nous admirons les lacets de terre qui plongent dans la “Quebrada de Iruya”. Au loin, nous distinguons le nuage de poussière soulevé par une petite voiture. Dans la descente, nous nous arrêtons pour discuter avec ses passagers. C’est ainsi que nous faisons la connaissance d’un couple de suisses (de Villars) perdu comme nous dans les montagnes argentines !

Après avoir passablement raclé notre châssis lors de trop nombreux passages de ruisseaux, nous arrivons enfin à Iruja. Soixante-six kilomètres de ballade pour quatre heures de conduite un peu limite avec une bagnole aussi basse que la nôtre.

Iruya. Un village accroché à sa montagne et encerclé par de violents torrents. Une place devant l’église ou quelques vieillards discutent en chassant les clébards avec des gestes lents. Des ruelles étroites et pavées de pierres glissantes. Nous nous dégottons une pension dépeuplée et tenue par une grand-mère bienveillante.

Le lendemain, nous décidons de rejoindre le hameau de San Isidro à trois heures et demie de marche plus au nord. Un vétuste cabot nous prend en sympathie et se jure de nous accompagner dans notre vadrouille malgré une vilaine blessure à la patte qui la fait claudiquer (c’est une dame) méchamment.

La seule voie d’accès à San Isidro et le lit de la rivière. L’unique route a été emportée il y a bien longtemps par les intempéries embarquant dans sa chute la ligne électrique et le téléphone. La population emprunte donc chaque jour ce chemin caillouteux pour se rendre à l’école, chez le médecin ou faire ses courses. Les plus âgés se faisant aider par un âne, les plus fougueux à dos de cheval. Notre animal de compagnie d’un jour n’en peu plus. La langue tirée, la chienne se couche à chaque zone d’ombre, nous suppliant du regard de faire demi-tour. Gâteux, nous lui filons notre quatre heures.

Le sentier s’engage sur les flancs du rio, contournant des à-pics vertigineux. Nous dérangeons des bandes de bourricots qui broutent tranquillement sous les eucalyptus. Nous arrivons à San Isidro vers midi et nous arrêtons pour boire un verre dans un troquet improvisé. Le patron du lieu semble tout content d’avoir de la visite et nous sort son album photo. Il se met à nous commenter les scènes de carnaval, la montée du bétail à “l’alpages”, les ballades sur les sommets. Tout y passe. Nous goûtons à quelques abricots un peu vert et jetons un oeil à la blessure de notre toutou. La plaie s’est ouverte et saigne légèrement. L’animal nous regarde avec un air un peu triste. Séniles, nous lui cédons nos derniers biscuits.

A l’heure du départ, nous regrettons de ne pas avoir apporté nos sacs de couchage. Nous aurions bien passé la nuit dans ce petit village de trois cent âmes, complètement coupé du monde.

De retour à l’auberge d’Iruya, nous tentons de désinfecter la blessure de notre pataud. A l’approche de la Betadine, le bâtard effrayé grogne et s’enfuit en clopinant. Merci pour la ballade !

Un peu échaudés par la casse kirghize de notre joint de culasse et alertés par une tache suspecte sous le moteur de la Gol, nous guignons sous son capot. Bonne idée ! Le vase d’expansion était vide. Nous rajoutons donc deux litres d’eau dans la machine et la déplaçons à la main de quelques mètres pour voir si la trace réapparaît.

Le lendemain, nous constatons que la voiture ne perd pas de flotte. Nous nous mettons en route. À la sortie du village, une déviation nous fait emprunter le fond du cours d’eau. La Gol ramasse du gravier à la pelle. Quatre heures plus tard, nous retrouvons avec joie le bitume de la panaméricaine qui nous reconduit jusqu’à El Carmen où nous avions réservés une chambre dans notre pension adorée.

Nous retrouvons ainsi le monde “civilisé” et sa télévision, TV5 Monde, Julien Lepers et le téléjournal suisse. Etrange. Les meilleurs représentants de la culture francophone sur les réseaux câblés sud-américains sont “Questions pour un champion” et “Les Chiffres et les Lettres”.

Le matin, nos hôtes nous offrent un petit-déjeuner gargantuesque ainsi qu’une petite bouteille remplie de sable d’Ambra Pampa en guise de cadeau d’adieu.

A midi, nous retrouvons Salta et sa grisaille. Nous rejoignons l’agence de location de voiture en évitant les flaques pour ne pas salir une Gol fraîchement nettoyée.

Dernière soirée en Argentine. Nous la passons au restaurant, goûtant une ultime fois aux délices des ses viandes et de ses vins.

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Sel, vigognes et adobe

Sel, vigognes et adobe

Florida, Purmamarca, Jujuy, Argentina

avril 42008

Jour trois cent dix-sept. Nous contournons le chef-lieu de la province en empruntant “l’autopista” qui grimpe dans une sorte de “Val Maggia” en plus large et plus verdoyant. Au détour d’un virage, le panorama change du tout au tout. Nous revoici en plein western spaghetti. Canyons pelés, cactus et bourricots. Nous entrons dans la “Quebrada de Humahuaca”. La région est à la frontière de la Bolivie et du Chili.

La route grimpe méchamment jusqu’à un col à plus de 4164 mètres d’altitude. La vue y est étourdissante. Des mamelons parsemés d’herbes rases et balayés par les vents. A cette altitude, on distingue encore, à l’abris dans de petits vallons, quelques cahutes, des bergers avec mulets et moutons.

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Descente. Un orage se prépare sur l’altiplano argentin. Nous traversons les “Salinas Grandes” et nous nous arrêtons pour faire les zazous dans cette immensité blanche. A l’heure de la soif, nous nous mettons en panne dans un village perdu en bordure du salar. Ruelles fantômes, tornades de sable entre les adobes, des sacs à puces somnolent à l’ombre du clocher. Quelques cochons grognent dans leurs enclos. Deux gosses jouent aux billes devant un “comedor” improbable. Accueil convivial, empanadas croustillantes, soda américain sur fond de tango grésillant.

Sur le bord de la route, un troupeau de vigognes nous observe en mâchouillant. C’est animal proche du lama mais non-domestiqué avait presque disparu au début des années septante. Depuis, une loi sévère en interdit la chasse et l’espèce revit. Sa laine est très réputée et parmi les plus chères du monde (bien plus chère que l’alpaca).

Re-col, re-descente. Au milieu du chemin, nous nous stoppons pour mettre en boîte une grosse araignée poilue et…écrasée. Nous jetons l’ancre dans le très joli bourg de Purmamarca. Ici, les locaux semblent avoir compris que l’architecture traditionnelle en pisé peut être traitée de manière contemporaine. Les projets d’hôtels design fleurissent pour le plus grand plaisir des touristes.

La colline derrière l’église se pare d’un extraordinaire dégradé de couleurs du terracota au vert tendre. La nuit tombe sur ce patelin-écrin et la température chute violemment. Nous nous réfugions dans un restaurant magnifique pour déguster des plats de la région à base de quinoa et de gros haricots verts.

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Canyon

Canyon

El Carmen, Jujuy, Argentine

avril 32008

Jour trois cent seize. Le lendemain, nous mettons le cap au nord et empruntons la route 68 en direction de Salta. Les vignobles cèdent la place à d’étranges dunes de sable beige qui parfois viennent s’épancher sur l’asphalte. Le décor change soudainement pour se farder de rouge et de brun. Nous entrons dans la “Quebrada de Cafayate”, impressionnante gorge aux rochers de milles couleurs, formes hallucinantes, amphithéâtre de caillasse, rio asséché et cactus démesurés.

Dans l’après-midi, nous traversons Salta pour rejoindre la province de Jujuy. Au sortir de la ville, nous longeons une grosse rivière qui ondule dans un lit de galets gris et sombres. Comme une impression de déjà vu, un panorama de vallée tessinoise. La route très étroite glisse sur les flancs de reliefs recouverts d’épaisses forêts.

Nous arrivons à la tombée de la nuit à El Carmen. Le camping semble abandonné, piscine vide et herbes hautes. Le gardien du lieu nous ouvre un bungalow duquel sortent deux clébards rachitiques. L’odeur de moisi nous saute à la gueule au moment où nous pénétrons dans une chambre glaciale et plongée dans une ambiance de film d’horreur. Nous remercions le cerbère pour sa sollicitude et tentons notre chance au centre du village.

Nous parquons la Gol devant une petite auberge à l’enseigne toute biquette. Le propriétaire nous accueille chaleureusement et nous fait la visite. Nous découvrons ainsi, à mille lieues des circuits touristiques la meilleure adresse de tout notre périple. Chambre géante et lumineuse, lit douillet, eau chaude à profusion, propreté impeccable, télévision câblée et prix gentil. Le bonheur.

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Passages de gués
avril 12008

Jour trois cent quatorze. Il suffit de quitter la ville de Salta lotie au fond d’une cuvette pour retrouver le soleil. Le paysage devient plus sec et caillouteux, mais les récentes pluies rendent les passages de gués parfois difficiles. Dans un virage, un torrent, rapide et brunâtre traverse la route, charriant avec lui de gros cailloux invisibles. Quelques véhicules sont arrêtés sur le bas côtés, les conducteurs scrutant les eaux boueuses en discutant de la meilleure trajectoire à adopter. Nous nous joignons au petit groupe en rigolant.

Un groupe d’excursionnistes abrutis au volant d’un énorme pick-up de location traverse la gouille à fond de train arrachant au passage une protection sous le châssis. Ils ne stopperont même pas pour constater les dégâts, laissant le bout de plastique au milieu de la chaussée. Un indigène se lance, prudemment, de l’eau jusqu’à la calandre de sa vieille Ford Falcon. Il passe. Sous le regard de nos nouveaux amis, en première vitesse, lentement mais sûrement, nous traversons le rio. Ouf !

Le ruban de gravier grimpe à travers la Quebrada de Molino. Nuages gris et montagnes vertes olive. Nous passons la Piedra de Molino (3347m) en plein brouillard. S’ensuit un plateau parsemé d’immenses cactus traversé par une ligne de bitume de quatorze kilomètres surnommée la “Recta de Tin-Tin”. Au détour d’un virage nous retrouvons la Cordillère des Andes et le sommet enneigé du Nevado del Cachi (6380 m).

La route redescend dans une belle vallée légèrement plus verdoyante. Sous les fenêtres des maisons en pisé sèchent les piments rouges. Les bourricots braient sans discontinuer dans leurs enclos. L’impression de voyager dans le temps. L’ambiance du “zorro” de notre enfance. Ne manquent plus que le Sergent Garcia et Don Diego de La Vega.

Nous arrivons à Cachi. Cette petite ville de sept mille deux cent habitants nous charme immédiatement. Eglise blanche au toit en bois de cactus. Sur la “Plaza” fleurie comme pour un spectacle d’Alain Morisod trône la vague statue d’un illustre héros de la nation. Autour des échoppes quelques chiens errants lèvent la patte sur des bagnoles parquées ici et là. Un gaucho à cheval traverse ce tableau la clope au bec.

Sur les hauts du patelin, nous découvrons un camping de rêve au milieu d’un verger. Nous montons la tente avant de sympathiser avec un groupe de voyageurs français. Nous passerons la soirée à nous échanger anecdotes et autres bons plans.

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Rongeur(s)

Rongeur(s)

Massif du Fitzroy - Argentine

mars 102008

Jours deux cent nonante et un et deux cent nonante deux. Du sommeil en tranches. Se réveiller toutes les minutes dans un sac de couchage humide. On gèle. Sans les couvertures « empruntées » à la Quantas, nous n’aurions pas fermé l’oeil de la nuit. Il y a aussi ce petit bruit, lancinant, agaçant, comme un grignotement. Certainement des souris. En parfaits campeurs, nous avions prévu l’arrivée des rongeurs et suspendu la sacoche à victuailles et les déchets à une branche. L’animal doit donc s’attaquer à des voisins. On se rendort, pour sortir la tête du duvet cinq minutes plus tard, énervés par un bruissement de sac plastique.

« C’est toi qui fais ce bruit ? » demande l’un.
« Non, je croyais que c’était toi » Répond l’autre.

On se replie en boule sur le matelas. Le sol est glacé. On ferme les yeux pour somnoler un moment avant que le grignotement ne revienne suivi de bruits de pattes sur la toile. Nicolas sursaute, une bestiole vient de lui passer sur le visage à toute vitesse. Hallucination totale, la tente est parfaitement fermée.

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Debout avant l’aube, ne pouvant plus dormir par ce froid, nous accueillons avec joie l’arrivée du soleil qui vient éclairer un Cerro Torre complètement dégagé. Spectacle magique. Le pic s’éclaire l’espace d’un instant de reflets rouges et oranges.
De retour au camp, nous déjeunons rapidement en gardant les gants et bonnets. La besace à nourriture est intacte. Nous avons dû rêver de rats de montagnes et autres souris des Andes.

En démontant la tente pour la faire sécher, nous remarquons un trou de cinq centimètres de diamètre dans la toile inférieure. Les bouchons de nos gourdes et les tirants de fermetures éclairs de la porte (qui sont faits du même plastique) sont mordillés de partout. Le cabas qui abritait notre tube de dentifrice et les brosses à dents dans les poches intérieures de la tente est déchiqueté. Les rongeurs étaient donc parmi nous.

Nous nous remettons en route. En contournant les Lagunas Hija et Madre nous apercevons enfin le massif du Fitzroy. Une dizaine de lames acérées pointées vers le ciel et entourées de cumulus. De vraies montagnes de cinéma, belles et inquiétantes. Nous arrivons au Campamento Poincenot et plantons notre hutte en face du géant. Transis par le froid, nous nous préparons immédiatement une soupe pour nous réchauffer. Nous soupons en regardant la nuit tomber sur les crêtes. Les dégâts des souris sont réparés avec un peu de toile isolante et nous déplions nos couvertures de survie en aluminium sur le sol pour nous protéger du frimas. Tous les objets en plastiques sont suspendus, bien à l’abri des mulots.

Le lendemain, nous nous levons tôt pour admirer le Fitz et ses satellites dans la lumière de l’aurore. Les parois abruptes se colorent l’espace de quinze secondes.

Après le petit-déjeuner, nous grimpons vers la Laguna de Los Tres pour contempler le massif de plus près. Nous restons un long moment silencieux devant ce tableau. Ces montagnes dégagent quelque chose de particulier, elles en imposent. Sur le chemin du retour, nous sympathisons avec un américain de soixante ans qui voyage sac à dos avec son fils.

En fin d’après-midi, nous retrouvons le village d’El Chaltén, sa poussière et ses courants d’air. Nous nous dégottons une pension flambant neuve et très sympathique et passons notre soirée à discuter avec un couple polonais qui termine comme nous son tour du monde en Amérique du Sud. Discussions animées jusqu’à tard dans la nuit en biberonnant des tasses de l’infâme mixture soluble et veveysanne qui nous sert de café.

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Martina et la grande aventure du dehors

Martina et la grande aventure du dehors

Massif du Fitzroy - Argentine

mars 82008

Jour deux cent nonante. Le sentier ondule à travers l’ancien lit de la rivière creusant une ornière poussiéreuse entre les massifs de lengas. C’est alors qu’ils sortent du bosquet à la queue-leu-leu. Nous nous arrêtons sur le bas côté pour les laisser passer. Le guide tout d’abord nous salue d’un « hola » machinal et très argentin. Appelons-le Esteban si vous le voulez bien.

Esteban
Chemise à carreaux retroussée jusqu’aux manches, la petite quarantaine, teint mat et des lunettes de soleil d’un autre âge derrière lesquelles on devine un regard perçant. Son sac à dos semble plus volumineux que celui du reste de l’équipe.

Esteban est inquiet. Son patron va gueuler. C’est qu’il a esquinté la portière droite du Defender contre une branche de coigüe. Le slogan de l’agence a morflé. Les belles lettres jaune sur fond blanc sont désormais à peine lisibles. « Patagonia – Discover a world of adventure » qu’ils avaient écrit. Tu parles.

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Esteban accélère le pas. Il a hâte d’arriver à la « Estacion del Condor ». Ce sera la fin de cette semaine de randonnée. Bien sûr, il faudra qu’il passe sa soirée avec le groupe. Rigoler évasivement à leurs plaisanteries, trinquer, échanger les adresses, leur dire qu’ils ont bien marché et tout et tout… Mais il sait aussi qu’Alberto viendra mettre l’ambiance avec son béret, sa guitare et ses allures de gaucho. Et son « cordero à la parilla » sera forcément succulent.

Esteban force l’allure. Son sac est plus léger sans cette putain de bouteille et les chorizos qu’il trimbalait depuis le départ. « Esteban ! Il faut qu’ils enjoyent la Patagonian hospitality ! » lui avait-dit le boss. Il leur avait donc fait la surprise de la topette et du sauciflard au sommet du dernier col. Déjà qu’il se trimbale les déchets de toute la clique. C’est aussi ça l’éco-tourisme.

Klaus
Klaus, le suit à quelques encablures. Il nous murmure un « hello » en souffletant, les mains crispées sur le boîtier de son appareil photo qui tapote dans un incessant va et vient sur son torse. La sangle du Nikon lui scie le cou. Peut-être n’était-ce pas une si bonne idée que d’emmener avec lui son quatre cent millimètres. Cinq kilos d’optiques à porter pendant sept jours. Tout cela pour un gros plan de lama pris depuis la jeep. Et en plus on l’avait corrigé. « Ce n’est pas un lama c’est un guanaco » lui avait dit Martina.

Klaus est préoccupé. Voilà bientôt une semaine qu’il n’a pas pu vérifier le cours de ces actions UBS. Cette randonnée tombe vraiment au pire moment. Mais, il l’avait bookée depuis des mois. Et qui aurait pu prédire de si mauvais résultats pour une banque suisse. Klaus est maudit. Il y a quelques années, il avait déjà perdu un paquet de pognon lors d’un safari au Kenya. Les avions suisses étaient cloués au sol et le titre de Swissair se cassait la gueule. Bon, il s’absentera pendant le repas du soir ou pendant le spectacle de danse folklorique pour profiter de la connexion satellitaire de l’Estancia.

Klaus a les jambes un peu molles. Le coup de rouge bu au sommet, ou peut-être les quatre tablettes de Micropur qu’il a balancé dans sa gourde par précaution.

Inge, Hans, et Sonia
Le reste de la troupe nous croisera sans un mot, le regard dans le vague.

Martina
Un raclement métallique nous incite à patienter encore un peu en bordure du sentier. Vous vous souvenez du bruit de vos bâtons de ski lorsqu’ils frottaient sur le carrelage glissant de votre HLM à touristes lors de vos dernières vacances de neige ?
C’est Martina qui pointe sa frêle silhouette au bout du chemin.

Martina est agacée. Elle ne pensait pas que cette semaine de marche en Patagonie serait si difficile. « Sur les traces des gauchos, découvrez la pampa et les pics les plus majestueux de l’hémisphère sud » avait-elle lu dans Femina. Elle pensait que son entrainement hebdomadaire de Nordic Walking sur les bords du Léman serait suffisant pour affronter les sentiers argentins. Au moins, avait-elle déjà les sticks.

Martina est soucieuse. Elle a oublié de dire au guide qu’elle était végétarienne et elle vient de s’apercevoir en relisant attentivement le programme du voyage qu’une soirée grillade était prévue le dernier soir dans la cour de l’Estancia. Elle avait eu de la peine avec le chorizo lors de la pause sur les hauteurs du défilé. L’estomac en patraque, elle avait dû s’arrêter à l’improviste à côté d’un torrent pour un besoin pressant. En oubliant dans sa précipitation que l’on ne défèque pas à proximité d’un cours d’eau où le reste des randonneurs vient s’abreuver. Elle avait également omis de reprendre son PQ avec elle, mais elle avait une excuse, c’est le guide qui portait la poubelle. Et puis le papier recyclé doit mettre moins de temps à se bio-dégrader n’est-ce-pas ?

Martina est énervée. Elle a du retard sur le reste de l’équipe. Personne ne l’attend. Elle a trop chaud, ses jambes sont lourdes et ses alpenstock de titane la gênent dans les fourrés.

Martina s’arrête à notre hauteur, toute rouge et dégoulinante. « C’est triste ce que vous faites » nous dit-elle.
On se regarde interloqués. « Pardon ? »
« C’est triste ce que vous faites, marcher comme cela en dehors du sentier, vous piétinez la flore ! »

Les gnous
Nous reprenons notre chemin sans voix. Parfois, il y a vraiment des coups de bâtons qui se perdent.

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Crac crac, plouf plouf

Crac crac, plouf plouf

Glacier Perito Moreno - Argentine

mars 52008

Jours deux cent huitante-six et deux cent huitante-sept. Des relents de moisi et d’ail. Des auréoles jaunâtres sur la cuvette des W.-C. Ici, la poussière a du mal à cacher la couleur « vert-hôpital » des murs. Bienvenue à l’Albergue Guerrero d’El Calafate.

Première étape sur le sol argentin et déjà l’envie de fuir au plus vite. La ville, créée de toute pièce pour accueillir le touriste, pratique des prix de fous. Ce qui n’est pas pour déplaire à tous ces cons très « Megève attitude » venus dépenser leurs dollars et se faire peur dans les boutiques et autres agences d’aventures en plein air.

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Pas étonnant du coup que l’on nous réclame plus de quarante francs suisses par personne pour aller voir LE glacier Perito Moreno. C’est avec un goût amer que nous alignons tout de même les pesos et que nous embarquons avec le reste du bétail, dans l’un des nombreux bus qui relie la ville au Parc National de Los Glaciares.

Une heure et demie plus tard, il est là , devant nous et il en impose. Le géant un peu timide au début sous un ciel voilé, se met à nous dévoiler tous ces charmes lorsque les premiers rayons de soleil font leur apparition.

Un monstre de cinq kilomètres de long. La hauteur de la glace est de cent septante mètres, dont soixante sont émergés. Le Perito avance d’environ deux mètres par jour et à certains endroits son épaisseur atteint les sept cent mètres.

D’immenses blocs de sorbet bleutés se détachent des parois pour s’écraser dans les eaux du Lago Argentino. L’impact, violent, fait un bruit de tonnerre. Il en ferait presque trembler les passerelles d’observation sur lesquels tout le monde se presse pour immortaliser la scène.

On reste là pendant des heures, accoudés à la barrière admirant ce spectacle inouï en se souvenant avec tristesse que chez nous, le glacier du Rhône a quasiment disparu…

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Torres del Paine – Jour 8 – Base des Torres
mars 12008

Jour deux cent huitante trois. Soleil et nuages. Dernier petit déjeuner. Nous laissons les sacs au camping pour monter à un point de vue sur les Torres. Neuf kilomètres aller et retour. Quatre heures et demie de marche.

Pressés d’en finir, nous mettons peu de temps pour grimper le long du Rio Ascencio jusqu’au promontoire situé juste au-dessous des tours de granit.

Quelques cumulus s’accrochent au Torre Central. De temps à autre, elles nous apparaissent toutes les trois éclairées par de rares rayons de soleil qui leur donnent un bel aspect orangé.

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Alfred et Nicolas redescendent comme des fusées. A dix-sept heures, toute l’équipe est de retour au camp.

Deux heures plus tard, le bus vient nous chercher pour le retour à Puerto Natales. Cent dix kilomètres à travers la pampa à la tombée de la nuit. Dernier coup d’oeil à ce massif montagneux exceptionnel. Quelques guanacos nous regardent passer tranquillement. Valérie n’est pas au mieux de sa forme et vomi dans le bus ! Elle retrouvera avec plaisir les bains chauds et les gros duvets de la pension « Nancy » pour une nuit de sommeil réparatrice.

Le reste de la troupe finira la journée au « Masai », restaurant de la ville réputé pour ses sandwichs chauds à la mode chilienne.

Un molosse de quinze centimètres de haut confectionné avec deux tranches de pain, deux de boeuf, un oeuf, du fromage, du jambon, de l’avocat, etc. Indigestion obligatoire après huit jours de bouffe du taulard.

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Torres del Paine – Jour 7 – Refugio Las Torres
février 292008

Jour deux cent huitante deux. Soleil. Ciel azur parsemé de nuage au réveil. La nuit fût fraîche, très fraîche. On se réveille trempés par la condensation. La préparation du café est le premier geste de la journée. Un vrai petit plaisir. Moins amusant, nous lavons la vaisselle de la veille dans le lit de la rivière avec du gravier. Les mains gelées, nous démontons la tente et nous mettons rapidement en marche pour nous réchauffer. Après cinq minutes d’efforts, il est déjà temps de tomber les vestes et autres bonnets.

Nous arrivons sur les bords du Lac Nordenskjöld, où nous nous perdons dans des buissons aux alentours d’une belle plage de galets.

Le temps d’un pique-nique au soleil à l’Auberge Los Cuernos que nous voici pris dans une tempête de pluie et de vent. Cela dure cinq bonnes minutes puis le ciel bleu revient.

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Quelques traversées de torrents héroïques plus tard et nous voici de retour à notre point de départ. La boucle est bouclée.

Au Campamento Las Torres, les feux de camps sont autorisés. Grosses flammes et grillades pour notre dernière nuit dans le parc et notre ultime soirée tous ensemble.

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Torres del Paine – Jour 6 – Campamento Italiano
février 282008

Jour deux cent huitante et un. Le vent et la pluie de la nuit ont nettoyé puis séché tout notre équipement. Nous déjeunons copieusement avant de repartir. Aujourd’hui sans trop savoir pourquoi, les pas sont pénibles à aligner. Fatigue ?

Après avoir longé le Lac Skottberg, nous entrons dans la Vallée Del Francés en longeant le rio du même nom. Nous accédons au Campamento Italiano par un pont suspendu et plantons notre tente entre de grosses racines sur un terrain en pente. Nous prenons sans attendre le chemin des sommets non sans avoir laissé les sacs au camping.

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Grimpette très pénible dans un pierrier d’où l’on peut observer le Glacier Francés et ses blocs de glace qui se disloquent bruyamment dans la rivière.

Après une montée interminable, nous arrivons à un superbe point de vue sur les massifs du Cerro Paine Grande et du Cuernos del Paine. Patricio nous attend en chauffant une soupe sur son réchaud, bien à l’abri des rochers. Nous sommes frigorifiés par le vent et Nicolas tient une petite forme. Le potage sera salvateur.

A la tombée de la nuit, nous sommes de retour au camp. Nous nous lançons dans la préparation du repas à la lueur des lampes frontales. Alfred, en fin gourmet, qualifie le risotto sauce tomate au menu, de « nourriture de prison ».

Serrés autour des casseroles fumantes et emmitouflés dans quatre couches de vêtements, nous tentons de nous réchauffer dans ce sous-bois humide et gelé, hurlant pour couvrir le bruit du torrent.

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Torres del Paine – Jour 5 – Refugio Lago Pehoe
février 272008

Jour deux cent huitante. La pluie est toujours là et nous refusons de sortir tant que le plic-ploc n’aura pas cessé. Vers dix heures, une petite accalmie nous encourage à quitter le nid. Le joli sable de la veille s’est transformé en une belle bauge noire et collante. Le matériel est trempé et sale. Nous déjeunons à l’abri, sous un arbre et déplaçons la tente pour qu’elle puisse sécher avant de tout plier. Heureusement, nos sacs à dos et nos habits sont au sec. Nous empruntons un petit sentier qui nous emmène sur les bords d’une petite crique ou quelques icebergs sont retenus prisonniers.

La pluie remet ça, mais cela ne nous empêche pas de trinquer au Bailey’s avec des glaçons centenaires.

Une fois la bouteille vide, nous prenons le chemin du Refugio Pehoe à onze kilomètres de là. Cascades, torrents, sentiers à flanc de coteaux, tout cela sous les pics glacés du Cerro Paine Grande. Nous contournons un petit lac où s’ébattent quelques canards avant de plonger au fond d’une jolie vallée en contrebas de laquelle nous distinguons déjà le Lac Pehoe.

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A dix-neuf heures, nous arrivons devant l’imposante bâtisse du refuge. Architecture moderne pour cette « lodge » à touristes friqués. Le camping voisin est pris d’assaut par les nombreux marcheurs qui débutent la petite randonnée dite du « W ». La fatigue se fait sentir. Nicolas grelotte et semble avoir les premiers symptômes de la grippe. Nous montons les tentes face au lac et profitons des derniers rayons de soleil pour les faire sécher.

Une fois n’est pas coutume, nous mangeons dans un local chauffé et bondé alors qu’une petite tempête s’abat sur la région. Trombes d’eau et bourrasques. Deux amis chiliens qui étaient partis de nuit pour rejoindre le Campamento Italiano reviennent trempés jusqu’aux os. Impossible de marcher par ce temps.

Nous nous mettons au lit un peu inquiets. Par moments, l’armature de notre maison de toile se plie sous les attaques du vent dans un boucan indescriptible. Nous dormirons pourtant comme des bébés…avec l’aide de nos tampons auriculaires.

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Torres del Paine – Jour 4 – Refugio Grey
février 262008

Jour deux cent septante-neuf. Petit matin froid et gris. On se lève donc plus tôt que d’habitude et rangeons le bardas avant que la pluie fine qui vient du Cerro Puma ne trempe tout. La balade débute par une grimpette à travers la forêt. Le sentier devient méchamment boueux et pentu et l’on transpire sous une bruine qui joue à cache-cache avec le soleil.

Nous traversons des ruisseaux et de gros pierriers et passons la ligne des arbres. Un boulevard de roches avec un glacier qui nous taquine sur la droite. Dur dur, ça monte terriblement.

Au sommet, Alfred passe le petit monticule de pierre en tête, suivi de Nicolas. Le vent est ébouriffant. Nicolas se trouve un coin à l’abri pour faire chauffer un bouillon. Patricio arrive, suivi de Valérie, Felipe et Karin. On se réchauffe avec la petite soupe avant de poser pour la photo qui immortalisera le passage du col John Gardner.

Devant nous le glacier Grey s’étire sur des kilomètres. Impressionnant malgré les nuages qui nous cachent une partie du spectacle. On attaque le versant sud en se tenant aux rochers tellement les bourrasques sont violentes. La descente est à l’image de la montée, rude. Ne pas glisser. Mettre le poids en avant. Une série d’escalier de bois approximatifs vient finir de nous détruire les genoux. Heureusement, notre esprit est occupé par la vue, sublime, sur un glacier soudainement éclairé par quelques rayons de soleil.

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Après deux heures de dégringolade, nous arrivons au Campamento Paso. Un camping gratuit, dans un talus et sans sanitaire. Pique-nique. A la suite d’un petit vote, nous décidons de continuer notre chemin jusqu’au Refugio Grey. Une folie qui nous fera cumuler deux jours de marche sur un seul. Mais, là -bas, on trouve de l’eau chaude, une plage et de la bière.

S’ensuit une belle et longue cabriole sur les bords du géant de glace, à flanc de coteaux entre des arbres calcinés et battus par les vents. Au fond du ravin des torrents assourdissants ont arrachés toutes les échelles métalliques.

Nous arrivons à dix-huit heures trente au Campamento Guardas. Nicolas et Alfred s’arrêtent un instant sur une moraine pour contempler le Grey dans la lumière de fin de journée. Pics bleus et gris qui se jettent dans les eaux du lac en contrebas. Le Nunatak sépare la mer de glace en deux parties. Vers dix-neuf heures trente, nous arrivons au Refugio Grey.

Plus de dix heures de marche, vingt-deux kilomètres et mille huit cent mètres de dénivelé. Nous sommes cassés mais heureux. Nous plantons les tentes sur une jolie petite plage de sable noir en savourant notre bière, la douche chaude se déguste comme une friandise. Le menu du soir est connu, soupe aux asperges, pâtes et sauce « Alfredo ». A peine sommes-nous couchés que la pluie fait son arrivée.

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Torres del Paine – Jour 3 – Campamento Los Perros
février 252008

Jour deux cent septante-huit. Le ciel est parfaitement dégagé, d’un bleu limpide. Le massif du Paine nous apparait enfin sans un nuage. L’étape du jour sera courte. Neuf kilomètres avec un dénivelé de trois cent septante mètres. Facile. Du coup, on traîne un peu au camping. Nous rangeons le matériel puis prenons des photos en nous baladant au bord du Lac Dickson pendant que les moustiques dorment encore.

A onze heures, nous longeons la gorge du Rio de Los Perros en jetant un dernier coup d’oeil au glacier Ventisquero Dickson dont la glace bleue scintille au soleil.

Nous traversons le Rio Cabeza del Indio sur de jolis ponts suspendus. S’ensuit une promenade de santé à l’ombre d’une forêt de lengas calcinés. Nous nous arrêtons pour une pause pique-nique au bord d’un petit ruisseau. Pain, saucisson, fromage et tentons d’économiser nos vivres, car nous craignons d’avoir été un peu optimiste sur les quantités.

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Une grimpette un peu raide nous emmène au sommet d’une grosse moraine qui sert de barrage à la Laguna de Los Perros. Le glacier du même nom vient finir sa course dans les eaux grises. Nous restons là longtemps en plein vent à contempler le mastodonte. Par moment nous pouvons entendre ses grondements et voir de petits morceaux de glace dégringoler.

Nous arrivons au campement de Los Perros vers dix-sept heures. Une simple cabane au milieu d’un bosquet entouré de deux torrents. On en profite pour faire un peu de lessive. Nous sommes tous morts de faim. On se chauffe une soupe et enchaînons avec un risotto aux asperges. La douche sera glacée. Patricio et Karin auront le courage de se baigner dans la rivière. Valérie de son côté lutte toujours contre la grippe.

On se couche tôt, pour se lever tôt. Le parcours de demain sera rude. Un col à mille deux cent quarante et un mètres avant de redescendre sur le glacier Grey.

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Torres del Paine – Jour 2 – Refugio Lago Dickson
février 242008

Jour deux cent septante-sept. Quatre heures du matin. Nous sommes réveillés par la pluie. De peur de voir nos sacs trempés sous le minuscule auvent nous les rentrons dans la tente. Difficile de retrouver le sommeil dans un espace si réduit d’autant qu’il fait très chaud dans nos couchages.

A neuf heures, la pluie cesse et nous sortons la tête au grand air (ici le soleil se lève à huit heures trente). Le ciel est couvert. Nous déjeunons et replions tout le matériel en profitant des premiers rayons pour faire sécher les toiles et aérer les duvets.
Stretching et dose d’arnica. On se met en route vers onze heures.

Le « zorro » nous observe en baillant dans les herbes hautes. Nous marchons tout d’abord sur les bords du Rio Paine en faisant fuir une escadrille de gros canards qui s’envolent bruyamment.

Nous cherchons parfois notre passage dans les marécages tant le niveau de l’eau est haut. S’ensuit une première montée assez rude qui nous mène directement sur les rives de la Laguna Alexandra, puis plus haut encore à un magnifique panorama. Nous dominons le Lago Paine et une imposante barrière de montagnes. C’est elle qui marque la frontière avec l’Argentine. Nous distinguons au loin une énorme masse blanche et bleue. C’est le glacier Ventisquero Dickson, l’un des bras du gigantesque glacier Hielo Patagonico Sur.

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Le sentier redescend sur les bords du lac et traverse une forêt calcinée. Nous pique-niquons là assis sur des troncs noircis. Patricio nous explique que son pays est sur la bonne voie. L’économie se porte bien et le pouvoir d’achat est élevé. Le Chili est la nation la plus riche d’Amérique du Sud et dispose d’un gouvernement stable et élu démocratiquement.

Les derniers pas se font difficiles, mais la vue est sublime sur les sommets de la Cordillère Paine. Après une courte montée le long d’une moraine, nous tombons soudainement sur le Lago Dickson qui laisse échapper ses eaux grises dans le Rio Paine. En contrebas nous apercevons avec joie le toit de tôle vert du refuge.

A dix-huit heures, nous posons nos sacs à dos. Stretching et arnica. Nous avons parcouru dix-huit kilomètres en six heures. Nous nous cuisinons rapidement une belle ration de pâtes au thon agrémentée de la désormais indispensable sauce « Alfred » que nous mangeons avec nos capuchons tant les moustiques sont féroces. La journée se termine par un carré de chocolat, un café et une douche chaude. Quel bonheur !

Quelques gouttes de pluies viennent effrayer les moustiques. Avant de rentrer dans notre hutte, nous nous régalons en observant ce ciel du sud si particulier, si changeant. Rose un instant, gris strié de noir dans la minute qui suit. Un rayon de soleil éclaire le Cerre Ohnet avant de se faire rétamé par un nuage. Valérie se frictionne de pommade pour lutter contre cette vilaine grippe et nous nous couchons en espérant que la nuit sera plus reposante que la précédente.

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Torres del Paine – Jour 1 – Puesto Seron
février 232008

Jour deux cent septante-six. A six heures du matin, nous sommes réveillés par les rafales de vent sur la tôle de notre pension. Un ciel orange, traversé par des petits nuages sombres éclaire notre chambre. Nous nous affairons aux derniers petits préparatifs et retrouvons Alfred pour le petit-déjeuner avant de monter dans le bus qui nous emmènera dans le parc, cent dix kilomètres plus au nord.

Première confrontation avec la pampa. Mornes étendues jaunes balayées par les vents. Des arbres gris tordus par la pluie et les bourrasques. Des moutons, beaucoup de guanacos (sorte de lamas des plaines qui vivent à l’état sauvage), et quelques nandus (autruches sud-américaines). Les paysages sont dramatiques et majestueux. Nous croisons des gauchos qui fument leur cigarette à l’abris de quelques broussailles, béret vissé sur la tête et le cheval attaché aux branchages.

Le bus s’arrête à une croisée. Deux bâtiments, un bistrot et pas mal de rien.

En sortant du véhicule, nous sommes terrassés par un coup de vent. Le long rectiligne de gravier traverse de multiples mamelons. Au sommet de l’une des buttes, ils nous apparaissent enfin, dressant leur sommets de granit en face de nous. Un arc en ciel éclaire le massif du Cerro Paine Grande et les hauteurs du Combre Principal (3050m). Plus à l’est s’élèvent les Cuernos del Paine et à l’extrémité de la chaîne les tours de granit du Torres del Paine. Nous nous approchons avec une certaine inquiétude de cette énorme masse montagneuse, sombre, torturée et enneigée sur ces hauteurs.

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Nous entrons dans le parc et poursuivons notre route dans un petit minibus jusqu’au refuge « Las Torres », le début de la randonnée.

A côté de nous, se prépare un petit groupe de trois personnes. Karin, une allemande qui voyage avec deux amis chiliens, Patricio et Felipe, habitants à Santiago. Patricio parle un français parfait après plusieurs séjours en France. Nous discutons tous ensemble dans un amusant mélange de langues des différentes options possibles : grimper directement dans la vallée du Rio Ascenso pour admirer les tours le lendemain dans la lumière du petit matin, ou commencer directement la boucle de cent vingt kilomètres qui contourne le massif. La météo ne semble pas très bonne. De gros nuages s’accrochent au « Torres ». Nous décidons donc de débuter la « petite » promenade et de marcher tous les six.

La balade débute par la traversée d’anciennes moraines et de petits canyons entourés de buisson de « ciruelillo » dont nous distinguons les fleurs rouges et fanées sur les bas côtés du sentier. Il fait soudainement beau, le soleil semble avoir gagné son combat contre les nimbes. Les sommets quant à eux sont toujours cachés dans les brumes. Le sentier traverse une jolie forêt avant de descendre sur le Rio Paine. Nous longeons la rivière qui sort de son lit laissant couler des eaux grisâtres sur les herbes blondes.

Après quatre heures trente et neuf kilomètres, nous arrivons au Puesto Seron, un camping improvisé autour d’une cabane construite au centre d’une prairie. Les tentes sont montées sans difficultés et nous nous mettons immédiatement à cuisiner. Alfred prépare une succulente sauce pour les pâtes avec des légumes et de l’huile d’olive et un peu de vin (nous comprenons du coup pourquoi son sac était si lourd). Un « zorro » (renard rouge de Patagonie) nous observe sans peur. Des ibis mandores hurlent sur la colline en face de nous.

Vers vingt et une heures, le soleil se couche et malgré les moustiques qui arrivent par centaines, nous contemplons la scène la gorge serrée. Un ciel chargé de nuages étranges, laisse apparaitre par-ci par là de petites zones bleues et puis tranquillement l’ensemble vire au rose puis au rouge.

On peine un peu à entrer dans notre très petite tente de camping (mais si légère) en espérant que la nuit ne sera pas trop froide et que nos sacs de couchage tiendront leur promesse.

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Préparatifs

Préparatifs

Puerto Natales - Chili

février 222008

Jour deux cent septante cinq. Ce sera donc le grand circuit. Cent vingt-cinq kilomètres. Huit à dix jours de marche en fonction d’une météo souvent très capricieuse par ces latitudes. On gamberge un peu.

Il nous faut apporter avec nous la nourriture pour l’entier de la randonnée. Pâtes, riz, biscuits, pommes, café, lait en poudre, céréales et fruits secs seront la base de notre alimentation. Une plaque de chocolat suisse servira de soutient psychologique en cas de coups durs. Du gaz pour le réchaud en suffisance, tout l’équipement de cuisine et de camping. Les sacs sont donc allégés au maximum (ce qui est très relatif vu le poids de la bouffe) et donc vidés du superflus que nous laisserons à la pension.

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Valérie frissonne et carbure à l’anti-grippal. En ville, nous rencontrons Julien, Patrick, Matthieu Claire et Bertrand qui s’attaquent au circuit dit du « W ». Clément, fiévreux restera à Puerto Natales.

Nous sommes prêts. Le départ est fixé au lendemain à six heures quinze. Le vent souffle toujours aussi fort, chassant de petits nuages bas et gris qui caracolent au-dessus des toits rouillés de la ville.

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Puerto Montt – Puerto Natales – jour 4
février 212008

Jour deux cent septante quatre. Air et mer sont d’un gris un peu mornes. Les eaux sont calmes. Le petit homme trapu aux cheveux gris coupés en brosse donne ses ordres d’une voie tranquille et posée. Le capitaine connait la route et les caps par coeur. L’officier à la barre tapote sur de multiples boutons et autres manettes. L’Evangelistas zigzague aux travers des innombrables îlots du canal White.

C’est déjà la fin de la croisière, la remontée vers Puerto Natales et l’entrée dans le « Seno Ultima Esperanza ». Ultimes parties de chibre. On échange les adresses et prépare les bagages.

Nous débarquons sous une pluie fine dans une ville de bout du monde qui n’a pas loupé le virage du tourisme. Toujours les mêmes façades de tôles, derrière lesquelles se cachent des restos à touristes et autres magasins d’articles de randonnées. Nous sommes aux portes du célèbre Parc National de Torres del Paine, la mecque du trekking.

En soirée, nous mangeons une dernière fois tous ensemble. Julien a effectué une bonne partie de la traversée cloué au lit par une mauvaise grippe. Clément en ressent déjà les premiers symptômes et Valerie n’est pas au mieux de sa forme. Nous comparons nos plans pour le lendemain. Certains s’engageront rapidement dans le parc pour profiter du beau temps. Nous préférons passer un peu plus de temps en ville et préparer tranquillement notre excursion.

De retour à la pension, nous rencontrons deux irlandais qui traversent le continent à moto du sud au nord. Ils reviennent des « Torres » après y avoir passé huit jours. Ils sont fatigués mais heureux et nous confortent dans l’idée de nous lancer dans le grand circuit de 120 kilomètres.

Nous faisons aussi la connaissance d’Alfred, un catalan amateur de montagne. Il voyage seul et souhaite aussi s’attaquer à la grande boucle. Nous marcherons donc ensemble.

Bien au chaud dans les gros duvets de la « Nancy Guesthouse » nous nous endormons en écoutant les bourrasques et la pluie taper sur les vitres de notre chambre.

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Puerto Montt – Puerto Natales – jour 3
février 202008

Jour deux cent septante-trois. Mer agitée. Le ciel est toujours gris et pluvieux. Dans quelques heures nous quitterons le Golf de Penas pour entrer dans le Canal Messier. Les vagues viennent maintenant taper la coque latéralement provoquant un joli roulis. A l’heure du petit-déjeuner, il est conseillé de ne pas regarder la mer. La ligne d’horizon joue à cache-cache, disparaissant à bâbord pour réapparaître à tribord, occasionnant de petits hauts-le-coeur.

Dans l’après-midi, le bateau quitte sa route pour rendre visite à l’un des bras du « Hielo Patagonico Sur » . Un glacier continental gigantesque, monstre de glace de trois cent cinquante kilomètres de long et de seize mille huit cent kilomètres carrés. Il s’agit de la troisième calotte glaciaire au monde après l’Antarctique et le Groenland, la réserve d’eau douce la plus importante d’Amérique du Sud.

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Des dauphins viennent faire les fous devant la coque. Soudain, la mer change de teinte, passant d’un gris vert et sombre à un gris laiteux aux reflets turquoises. Cette coloration est due aux sédiments en suspension dans les eaux provenant des glaciers environnants. Le «lait du glacier». Le géant apparait au loin. Grosse masse bleuâtre. Ici et là, des icebergs flottent dans le fjord. Tous les passagers sont agglutinés à l’avant pour immortaliser le moment.

L’Evangelistas reprend sa route. Il est attendu à Puerto Eden. Ce petit bled de pêcheurs est perdu au milieu de l’immense Parc National « Bernardo O’Higgins » sur l’Isla Wellington. Deux cent cinquante personnes vivent ici isolées du monde dans ce qui était au départ un relais pour une ligne d’hydravions expérimentale de l’armée chilienne.

Le ferry est le seul lien entre le village et le reste du pays. C’est lui qui achemine les vivres et le courrier. C’est lui qui conduit les enfants au collège de Puerto Montt. Des dizaines de petits bateaux l’attendent impatiemment dans la crique. Au crépuscule, l’on distingue sur la côte les lueurs des petites habitations de bois peintes de toutes les couleurs.

Nous laissons Puerto Eden pour entrer dans la dernière nuit du voyage. L’équipage a organisé un loto et une disco. Alors que les passagers se trémoussent sur d’improbables rythmes sud-américains, nous préférons le calme du poste de pilotage plongé dans l’obscurité avec pour seule musique le « bip » du radar et le ronronnement des machines.

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Jour deux cent septante deux. Mer calme, ciel gris chargé de nuages et petite pluie froide. A bâbord, l’on distingue les crêtes de l’Île Magdalena. Petit-déjeuner copieux après une nuit de sommeil parfaite.

Le poste de pilotage est ouvert aux passagers. Nicolas reste un long moment devant la table à carte, fasciné par le parcours corrigé toutes les heures au crayon et compas. Nous profitons d’un temps plus sec pour aller lire sur le pont supérieur. Veste et bonnet sont de rigueur.

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Nous croisons une patrouille de la marine de guerre chilienne. Par moment, les rayons du soleil percent l’épaisse couche de nuage et viennent éclairer les forêts de cyprès qui couvrent les côtes inhabitées et morcelées de cette partie du monde.

De temps à autre, des phoques viennent jouer autour de nous, silhouettes noires et luisantes dans les eaux argentées.

En fin de journée, on nous informe que nous entrerons dans le Golf de Penas dans la nuit. Le capitaine s’attend à des creux de dix à quinze mètres. Distribution de pastille contre le mal de mer.
Vers une heure du matin, nous nous retrouvons avec Laurent à l’avant du bateau. La proue se lève, pour sortir de l’eau. Légère impression d’apesanteur. Et puis, dans un grand bruit sourd, l’ Evangelistas retombe écrasant les prochaines lames de sa lourde masse. On admire ce spectacle, trempés en se cramponnant au bastingage.

Dans les couchettes, le bruit est relativement impressionnant mais l’absence de hublot rend la partie plus facile. Encore une fois, nous dormirons comme des loirs.

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Au boulot !

Au boulot !

Bellbird Ridge Farm, Taupo, Nouvelle-Zélande

février 12008

Jours deux cent cinquante à deux cent cinquante-quatre. Nous voici à peine arrivés à Bellbird Ridge, que Mark, notre hôte, éparpille sur la table, des dizaines de descriptifs de véhicules tout-terrain. Unimog, MAN, Land Cruiser, Land Rover, la discussion est lancée ! Lui et son épouse Leanne envisagent de bourlinguer en camion pendant cinq ans, le rêve ! Nous passons plus d’une heure à échanger nos envies de voyage et autres impressions.

Le lendemain, après une nuit dans ce que l’on peut considérer comme la meilleure chambre depuis le début de notre périple, les choses sérieuses commencent. Nous sommes des WWOOFers (Willing Workers On Organic Farms – travailleurs volontaires dans des fermes bios) et notre mission est de refaire une beauté à la propriété et aux quatre hectares de jardin qui l’entourent. Désherbage autour de l’étang et du cottage, coupe d’arbres, arrachage et pose de copeaux de bois sur les platebandes, six heures de travail le premier jour. Cela nous change…

Sharon, Dominique et Laura, respectivement anglaise, allemande et suisse-allemande sont là pour nous aider. Elles aussi bénéficient du logement et des repas chez Leanne et Mark contre quelques heures de travail par jour.

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Dans la soirée, Mark et Leanne nous emmènent sur les bords du Lac Taupo pour une baignade, mais aussi pour nous faire visiter le complexe de Savannah Bay. Avec des associés, ils ont racheté trois domaines agricoles sur les hauteurs du lac pour en faire un gigantesque ensemble résidentiel de luxe. Trois cent hectares découpés en onze zones, elles-même divisées en parcelles de 1500 à 3000 mètres carrés. Tous les terrains sont séparés par des pâturages entretenus par les moutons de la ferme intégrée au projet…

Paysages lunaires, volcans, petites gouilles aux eaux turquoises. Le Tongariro National Park est une pure merveille. Mark nous a gentiment conduit à nonante kilomètres de sa ferme pour que l’on visite ce coin de l’île du Nord. Nous y ferons une marche de huit heures, sous un soleil de plomb, en compagnie des trois filles.

Toutes les bonnes choses ont une fin. Retour à la réalité et au jardinage pour une journée seulement. Nos hôtes ont loué leurs chambres pour le weekend. Nous voilà donc obligé de quitter les lieux prématurément. Un peu pris au dépourvu, nous ne savons pas où mettre le cap !

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Aoraki

Aoraki

Aoraki - Mt-Cook - Nouvelle-Zélande

janvier 242008

Jours deux cent quarante-cinq et deux cent quarante-six. On ne se lasse pas de passer de la mer à la montagne et des sommets à l’océan. On quitte Oamaru pour rejoindre le Parc national du Mt-Cook. L’on traverse des campagnes aux herbes jaunes, rythmées par quelques carrés verts tendres arrosés par de géantes installations. Nous nous arrêtons amusés par la pose d’une maison préfabriquée déchargée toute prête d’un camion, rôti au four et (faux) feu de bois dans la cheminée.

Nous arrivons ensuite dans une régions parsemées de lacs et rivières aux eaux mystérieusement turquoises et laiteuses. Des complexes hydroélectriques ponctuent le paysage. La Nouvelle-Zélande est un pays qui a la chance d’être autonome en matière d’énergie sans utiliser la puissance nucléaire.

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Nous revoici dans les Alpes. Sapins verts sombres, vallées grises, sommets enneigés. Petite balade de quatre heures pour aller voir de plus près le fameux Aoraki (Mt-Cook), la plus haute montagne du pays (3754 m). Ici le « wanderweg » a tout d’une autoroute. Ponts suspendus, sentiers larges et gravillonnés, pontons de bois sur les zones marécageuses. Difficile de sortir du droit chemin pour salir ses godillots. La promenade se termine au bord d’un lac balayé par les vents. De gros blocs de glace flottent ici et là dans les eaux argentées. On contemple le pic, gros triangle blanc encerclé par des glaciers dégringolant. De retour au camp, nous aménageons pour une dernière nuit notre « Auto du Jacques ». Le lendemain, nous profitons du beau temps pour faire une dernière vadrouille en montagne avant de continuer vers le nord.

Au bout du Lac Pukaki, un gosse souffle dans sa cornemuse en attendant le bus de coréens qui lui assureront l’argent de poche de la semaine. Dans les embouteillages autour de Christchurch nous sommes un peu triste comme un dimanche soir d’après-ski. Nous rendons les clefs de la voiture et nous retrouvons sur deux pattes et les sacs sur le dos pour la suite du périple.

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Kayak et kea (deux mots qui commencent par K)

Kayak et kea (deux mots qui commencent par K)

Milford Sound - Nouvelle-Zélande

janvier 192008

Jours deux cent trente-neuf à deux cent quarante et un. Le poil luisant et la nageoire alerte, il nous nargue, plongeant et réapparaissant aussitôt quelques mètres sur notre gauche. A l’ombre des rochers, ils sont deux à nous observer en prenant la même pose que l’otarie Playmobil de notre enfance. Moments uniques en ce début de matinée avec pour seuls bruits le glissement du kayak et les pitreries des phoques.

Le plan d’eau est très calme et le soleil commence à réchauffer l’atmosphère. Nous approchons de l’emblématique « Mitre Peak ». Cette montagne triangulaire qui doit son nom à sa forme de chapeau d’évêque est la plus célèbre de Nouvelle-Zélande. Elle vient s’étaler dans les eaux du « Milford Sound ». Nous naviguons en fait dans un fiord, (ou un « loch » pour les écossais) une vallée glacière remplie d’eau de quinze kilomètres de long qui se jette dans la Mer de Tasmanie.

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A midi, nous déposons nos déguisements de bonshommes LEGO pour profiter de nos mouvements lors de la pause pique-nique. C’est également l’heure à laquelle les tour-opérateurs de Queenstown ont le droit de survoler le site avec leur cargaison de touristes. Le petit paradis se transforme alors en Cointrin à l’heure de pointe (Queenstown est l’aéroport le plus important après celui d’Auckland en terme de trafic). Avions et hélicos se succèdent à un rythme de fou.

Le kayak de mer est plus fin et plus étiré que son cousin des rivières. Notre engin biplace se dirige avec un gouvernail relié aux pieds du barreur par une tringlerie très légère. Il se déplace relativement rapidement lorsque la mer est calme. Notre guide nous avait prévenu.

Dès treize heures, un fort vent de mer s’engouffre dans le fiord, créant ainsi une belle houle. Difficile et fatiguant pour des néophytes comme nous de naviguer dans ces conditions. Nous groupons alors nos quatre embarcations et attachons une voile aux pagaies bâbord et tribord. Les personnes à l’avant tiennent fermement la toile au moyen de cordes. Nous rentrons ainsi au port sous spinnaker avec une impression de vitesse grisante (merci le vent arrière) et en surfant sur les vagues. La coque est souvent sous l’eau et nous arrivons trempés, mais le sourire aux lèvres !

Nous quittons la côte en début d’après-midi pour rejoindre la vallée supérieure et notre lieu de campement repéré la veille le long de la « State Highway 94″.

Le vendredi dix-huit, nous avions quitté Te Anau au bord du lac du même nom pour rejoindre le Fiordland. Lacs, rivières, vallées majestueuses, forêts, glaciers, pics à plus de trois mille mètres, fougères géantes et l’océan comme point d’orgue. Un peu comme si la mer se cachait derrière le col de la Furka.

A Milford, le soir avant notre ballade en kayak, nous serons réveillés par un kea, sorte de perroquet des montagnes au plumage verdâtre un peu fripé. L’oiseau, très curieux de nature, est venu nous piquer notre sac poubelle dans l’auvent de la voiture et s’est amusé à en éparpiller le contenu durant notre sommeil, martelant avec son bec, la boîte de conserve sauce tomate du souper précédant.

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Te Anau
janvier 172008

Jour deux cent trente-neuf. C’est ici que nous avons dormi. D’accord, c’est un peu court. Mais pour en savoir plus, merci de jeter un oeil à l’article suivant.

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Transalpine australe

Transalpine australe

Queenstown - Nouvelle-Zélande

janvier 162008

Jour deux cent trente-huit. « Knight Point » surplombe une belle plage déchirée par de gros rochers. C’est ici que nous apercevons nos premiers phoques. Minuscules points gris sur le sable. Plus au sud, nous arrivons dans la région de Haast. Julius von Haast, le géologue allemand qui explora ce coin de pays en 1859 donna son nom à la rivière, au col et à l’unique village de la vallée.

On grimpe jusqu’au col par une belle route au bord de l’eau. Ruban liquide bleu turquoise entouré de sommets enneigés. Des cascades dégringolent de tous les côtés. Passé le défilé, nous longeons le Lac Wanaka et entrons ainsi dans la région de l’Otago central. Quelques virages plus loin, nous plongeons sur le Lac Hawea. On s’arrête émerveillés. Quelques pêcheurs à la ligne font des ronds dans une eau d’un bleu éblouissant. Pas un bruit, pas une habitation sur les rives, pas un bateau à l’horizon. S’il n’avait pas été transformé en ressource hydroélectrique dans les années cinquante, voilà un endroit qui aurait fait plaisir à bons nombres de promoteurs et autres bétonneurs.

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La route redescend et le paysage devient plus sec, grands aplats olives et bruns avec des moutons par-ci par là . A Wanaka, petite ville en bout de lac, l’agitation est plus marquée. C’est un petit centre touristique très apprécié des néo-zélandais durant l´été et une station de ski prisée en hiver (entourée d’une centaine de glaciers).

Plus bas, nous traversons nos premiers vignobles et nous arrêtons à proximité du Kawarau Bridge. C’est ici que fut inventé le bungee jumping (ou saut à l’élastique). Un véritable centre de cabriole a été aménagé aux abords du pont. Restaurants, magasins, régie de montage TV, etc. Toutes les cinq minutes, un novice s’élance de la plateforme en hurlant pendant ses quelques secondes de chutes avant de parfois se prendre une claque dans les eaux froides du torrent, quarante-trois mètres en contrebas. Le tout est filmé par des dizaines de caméras et instantanément monté et gravé sur DVD, prêt à la vente. Une véritable usine à adrénaline ! La facture est salée, 160.- CHF le saut et 45.- CHF le DVD.

Nous arrivons avant la pluie à Queenstown, LA capitale mondiale du tourisme « d’aventure ». Ici tout est réuni pour faire frissonner le touriste en le délestant de nombreux dollars. Ski, héli-ski, rafting, speedboat, canyoning, voile sur un bateau de l’America’s Cup, chute libre, parapente, vélo de montagne, kayak, motocross, quad et plein d’autres sports fatigants qui finissent en « …ing ». Mais il faut avouer que la ville est idéalement placée au bord d’un lac superbe et face à des montagnes belles à en baver. C’est dans ce petit coin de paradis que furent tournées nombre de scènes de la trilogie du « Seigneur des anneaux ». A la tombée de la nuit, la chaîne de montagnes des Remarkables vire au rouge sombre et transforme les environs du Lac Wakatipu dans un décor magique et angoissant.

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Des glaces et des mouches

Des glaces et des mouches

Lake Paringa - Nouvelle-Zélande

janvier 152008

Jour deux cent trente-sept. Petit soleil sur une mer agitée et froide. Les bourrasques sont toujours de la partie. La nuit fut fraîche, mais le sommeil profond. Nous quittons Hokitika par le sud. La route s’enfonce dans des forêts épaisses. Nous sommes fréquemment stoppés par des ponts à une seule voie qui traversent des rivières et de larges vallées. Celle-ci nous sont presque familières. Un peu du Rhône d’avant Sierre et du Rhin autour de Thusis. Nous sommes dans les Alpes du sud après tout.

Un explorateur allemand baptisa le glacier et le village en contrebas du nom de l’empereur austro-hongrois Franz Josef. A dix kilomètres de la mer, nous découvrons ainsi une montagne de glace qui avance à la vitesse d’un mètre par jour. Les sommets qui l’entourent culminent à plus de trois mille mètres d’altitude. Des nuages jouent à cache-cache avec les névés et autres séracs.

Vingt bornes plus loin, nous approchons du Fox Glacier. Même spectacle de crevasses et de glaces salies par les roches. Ici et là , des reflets bleutés viennent lécher les moraines.

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On se remet au volant et l’on se surprend à discuter ski, poudreuse et montagne. A la sortie d’un virage, nous sommes pris dans un nuage d’écume. Les vagues se cassent à quelques encablures de la route avec une violence inouïe, aidées en cela par un vent puissant.

Nous nous arrêtons pour la nuit dans une aire de repos gérée par le DOC (Department Of Conservation). Petit prix et confort sommaire mais quelle vue ! Devant nous s’étend le Lac Paringa, calme et tranquille. Des fougères géantes gardent « l’auto du Jacques » à l’ombre. Cette fois-ci notre campement à de l’allure. Nous prenons l’apéro avec un couple de néo-zélandais qui voyage avec un ancien autobus. On est là peinard à discuter en sirotant un pinot noir du pays lorsque nous faisons la connaissance de la « mouche des sables ».

La phlebotominae est une petite saloperie noire et volante qui voyage en bande et s’amuse à nous piquer un peu partout. L’antimoustique australien (best in the world) s’avère aussi inefficace qu’un antivirus sur Windows XP. On se fait donc bouffer. Nous nous replions dans le coffre de la voiture, protégés par notre indispensable moustiquaire. Nous contemplons alors narquois ces centaines de petites bestioles qui nous tournent autour avant de crever les pattes en l’air, génocidées par l’imprégnation novarticienne de notre cellule de survie. (Pas d’utilisation prolongée sans avis médical).

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Catalogue Vedia

Catalogue Vedia

Hokitika - Nouvelle-Zélande

janvier 142008

Jour deux cent trente-six. Un vieux monsieur trop poli nous explique le fonctionnement de notre « voiture de camping ». Un concept digne du catalogue Vedia. Un break Nissan certainement dessiné avec les pieds. Un auvent qui s’attache à la porte du coffre et quatre sardines pour tenir tout cela. Une glacière, une bassine, deux matelas, une valise noire en plastique qui cache un réchaud astucieux, deux chaises, une table pliante et et et une douche solaire. Le rêve.

Départ ! Petit crochet par le port de Lyttelton, point de départ de nombreuses expéditions dont celle de Scott et Shackleton. La région abrite les centres administratifs et logistiques des programmes antarctiques américains, italiens et néo-zélandais.

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Nous mettons ensuite le cap vers le nord. Campagnes aux herbes jaunes, moutons entre mer et montagne, puis nous virons à l’ouest pour une baignade dans le centre thermal d’Hanmer Springs. Belle route qui serpente sur les contreforts des Alpes du Sud. La pluie nous accueille sur le versant ouest du Lewis Pass (907m). Villages fantômes, anciennes mines d’or. Nous traversons la ville de Greymouth en bord de mer balayées par des vents tout droits venus du Pôle sud. La mer est déchaînée. On se cherche un endroit pour la nuit.

A Hokitika nous nous parquons en bout de quai sur une place aménagée. Quoi de mieux que la pluie, le vent et le froid pour inaugurer notre nouveau nid d’amour. Quelle que soit l’orientation de la voiture, le auvent est systématiquement arraché par les bourrasques. Tout le matériel est trempé. Pas moyen de cuisiner avec l’ingénieux réchaud qui refuse de maintenir sa flamme. On pleure, on rigole, on picole, on se réchauffe en bouffant des pâtes crues et l’on s’en veut d’avoir choisi cette bagnole que nous surnommons tendrement « l’auto du Jacques » sous l’effet de l’alcool.

Froide nuit, grosse pluie, énormes vagues. On ne regrettera pas d’avoir chouravé les chaudes couvertures en laine polaire dans l’avion !

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Le carnet du photographe

Le carnet du photographe

Batai Aral - Lac Son Koul

août 242007

Jours nonante et un, nonante-deux et nonante-trois. Extraits du journal de bord de Sylvain :

Après avoir pris congé de nos hôtes, nous prenons la route en direction de Kochkor où nous passons la nuit. Demain à 9h00 nous partons pour un trek à cheval dans les montagnes pour rejoindre le lac Song Kol . Retour prévu vendredi. Je ne suis jamais monté sur un cheval de ma vie…

(…)

Vendredi 24 août 2007, réveil sur la rive du lac après deux jours et deux nuits passées sous les yourtes au son des moutons et du sol qui vibre sous les sabots des chevaux aux galops. Il y a trop de choses à décrire pour relater cette expérience au milieu des montagnes et des plaines herbeuses qui bordent le lac. Quelques mots pour résumer : espace, infini, chevaux, simplicité, minimalisme. Mes images feront le reste je l’espère. J’oublie encore le tchai dont on se fait remplir la tasse dès que celle-ci est vide.

(…)

Ce matin Maxat, notre guide, repart avec les chevaux. Nous rentrons à Kochkor en Lada Niva. Sur la route, une atmosphère que j’adore. Nids de poule, voiture qui grince, poussière, odeur d’essence, de fumée de cigarette, de voiture qui en a vu d’autre, et de vieille huile brulée.

J’ai eu le temps d’observer la technique de conduite. En Europe, la loi nous impose un côté de la route à utiliser. Ici, on peut rouler sur celui qui nous inspire le plus. Selon le paysage, les trous, ou si le conducteur a besoin de cracher par la fenêtre et ne veut pas que son projectile ne souille la piste. La conduite à droite ne s’applique que lorsqu’il faut croiser. Comme une sorte de convention à laquelle tout le monde adhère pour le bien de tous les utilisateurs.

A part cela, le cheval c’était bien sympa. Un peu mal au cul mais je m’en suis sorti.

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L’affaire du koumis au cyanure
août 212007

Jours huitante-neuf et nonante. Partis dans l’idée de passer la nuit sous tente au bord du lac, nous recherchons l’endroit propice. Les plages sont toutes plus belles les une que les autres. A Tamga nous nous arrêtons pour une pause baignade. Pas grand monde sur le sable, si ce n’est cette famille qui nous aborde immédiatement. Arthur, le père, accompagné de sa femme, ses deux fils, et de sa soeur et son fils. Après quelques verres de vodka, et plusieurs plongeons dans les eaux limpides nous nous retrouvons 3 heures plus tard, dans leur maison de vacances à Barskoon (ils viennent de Bishkek). Tant pis pour le camping.

Pendant que les femmes préparent le souper, nous partons avec Arthur et les garçons à l’alpage. Pour y arriver, nous empruntons, à bord de son 4×4 Toyota (il ne jure que par les voitures japonaises) le pont sur lequel un poids lourd de la société canadienne Kumtor qui exploite la mine d’or du même nom, s’est renversé en 1998, déversant deux tonnes de cyanure dans la rivière Barskoon, polluant ainsi le lac Issyk-kul pour plusieurs années. Arthur est agacé. « La mine d’or réalise 18% du PDB du pays. Mais les bénéfices sont répartis pour moitié au canadien et pour moitié au président. C’est dégueulasse ». Il reprend. « La route qui mène à la mine est la seule du pays à être entretenue chaque semaine. Elle est en meilleur état que n’importe quelle autre route. »

Sur le jailoo (alpage en kirghize) nous sommes accueillis par des bergers qui nous offrent un verre de koumis (boisson nationale à base de lait de jument fermenté). Pour ne pas offenser nos hôtes, nous buvons … non sans quelques grimaces ! S’ensuit une petite balade jusqu’à des chutes d’eau pour digérer le tout et retour à la yourte pour manger le bechbarmack.

Nous terminons la soirée à discuter avec Arthur. Il a voyagé dans toute l’Europe au volant de son camion. Sa vision de nos pays est assez lucide et éloignée du paradis que beaucoup de kirghize se font de l’occident.

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Etape de montagne

Etape de montagne

Kazbegi (Stephantsminda), Géorgie

juillet 142007

Jour cinquante-deux. Tout d’abord, il y a la montagne. En bons petits suisses, on croit connaître. Mais le Mont-Kazbek (le plus haut sommet de Géorgie) rigole quand on lui parle du Mt-Blanc. C’est qu’il culmine à cinq mille quarante-sept mètres le bougre ! On le regarde tous les quatre un peu émus. Il fait son timide caché dans les nuages.

Et puis il y a cette vallée. Austère, aux pentes abruptes et vertes, sans rochers ni cailloux. L’herbe semble y tenir toute seule, comme par magie. Quelques pylônes rouillés. La rivière qui part arroser les plaines de Tchétchénie.

Enfin il y a les bergers. A cheval. De gros chiens oreilles et queue coupées rabattent vaches et moutons.

Nous sommes au milieu du Caucase, mais les visages sont déjà asiatiques. Regards clairs, yeux bridés et toque de laine.

Nous sommes arrivés ce matin à Kazbegi accompagnés par Nathalie et Simon. Cent kilomètres de route sur la « Georgian Military Highway ». Un col à plus de deux mille mètres d’altitude, perdu dans le brouillard.

On regarde passer goguenards ces incroyables Lada Niva en buvant un breuvage caféiné russe infecte. Trois clébards ont la bonne idée de venir se coucher sur nos pieds glacés. Petits frissons dans le dos et éternuements. Trente-cinq degrés à Tbilissi, douze à Kazbegi. On s’est fait avoir. Faites chauffer le Néo-Citran.

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