Jours deux cent nonante-neuf à trois cent. Douze million et demi d’habitants pour un pays qui en compte trente-neuf. D’un point de vue urbanistique, le meilleur comme le pire se côtoient à Buenos Aires. Les beaux et grands boulevards, les superbes parcs et musées, les statues des libérateurs avec sabre et cheval flirtent avec de sordides bidonvilles.
Les anciens docks de « Puerto Madero » sont un bel exemple de rénovation éclairée. Les bâtiments de briques rouges abritent désormais une université ainsi que de multiples restaurants et autres bars branchés.
Un superbe trois mat à vapeur est ancré dans le bassin numéro trois. La frégate « Presidente Sarmiento » est ouverte au public. Construite à Liverpool pour la marine argentine en 1897, elle effectua plus de trente-neuf tours du monde comme navire école avant d’être transformée en musée en 1961. On embarque. Le gnous saute de joie, la maroufle elle, hausse les épaules.
Petit passage sur la Plaza de Mayo. Ici, tous les jeudis à quinze heures trente, un groupe de femmes appelé « Les Mères de la Plaza de Mayo » se retrouve pour tourner autour du monument central avec une photo des maris et enfants disparus pendant les années de dictatures militaires (1976-1983).
A quelques mètres de là , nous nous arrêtons devant la « Casa de Gobierno ». La maison rose abrite les bureaux de Cristina Elisabet Fernandez de Kirchner, Madame la Présidente de la Nation. « La Cristina » comme ils l’appellent ici. Fanfare militaire et défilé. Agents de sécurité et équipes de télévision. La Cheffe de l’Etat doit recevoir quelqu’un d’important. Mais qui ? Nous attendons un moment avec les badauds devant les grilles du palais avant de quitter les lieux trop affamés pour patienter plus longtemps.
L’invité mystère de la gouvernante officie un peu plus au nord, sur la place de l’Obelisco où des milliers de personnes assistent au show d’un prédicateur évangéliste. Luis Palau, c’est son nom, a donc rendez-vous avec Cristina. Sa photo est partout. Son sourire étincelant s’affiche sur des publicités géantes dans le métro, sur les bus et dans la rue. Les TV et tous les journaux annoncent l’événement depuis des semaines. Incroyable puissance marketing pour une messe gratuite et revivifiée par de nombreuses stars du rock et du showbiz argentin. Mais d’où tient-il donc tout cet argent ?
Luis Palau est né en Argentine en 1934, mais il vit depuis des années à Portland aux Etats-Unis. Beaucoup d’observateurs le voient comme le successeur désigné d’un autre sermonnaire célèbre mais désormais sénile, le pasteur américain Billy Graham, gourou spirituel d’une belle lignée de présidents yankees. D’Eisenhower à Nixon, de Lyndon B. Johnson à Gerald Ford, de Jimmy Carter à Ronald Reagan sans oublier Bill Clinton et bien évidemment Bush père et son vénéneux rejeton. Billy les a tous envoûtés, pour le bien de la planète, cela va sans dire. Alors Luis Palau, ne serait-il pas le nouvel émissaire de la CIA pour l’Amérique latine ?
1 commentaire
Enfer et dannation les évangélistes frappent partout, peut -être il faudrait les frapper en premier…
Silvano.