Jour cinquante-deux. Tout d’abord, il y a la montagne. En bons petits suisses, on croit connaître. Mais le Mont-Kazbek (le plus haut sommet de Géorgie) rigole quand on lui parle du Mt-Blanc. C’est qu’il culmine à cinq mille quarante-sept mètres le bougre ! On le regarde tous les quatre un peu émus. Il fait son timide caché dans les nuages.
Et puis il y a cette vallée. Austère, aux pentes abruptes et vertes, sans rochers ni cailloux. L’herbe semble y tenir toute seule, comme par magie. Quelques pylônes rouillés. La rivière qui part arroser les plaines de Tchétchénie.
Enfin il y a les bergers. A cheval. De gros chiens oreilles et queue coupées rabattent vaches et moutons.
Nous sommes au milieu du Caucase, mais les visages sont déjà asiatiques. Regards clairs, yeux bridés et toque de laine.
Nous sommes arrivés ce matin à Kazbegi accompagnés par Nathalie et Simon. Cent kilomètres de route sur la « Georgian Military Highway ». Un col à plus de deux mille mètres d’altitude, perdu dans le brouillard.
On regarde passer goguenards ces incroyables Lada Niva en buvant un breuvage caféiné russe infecte. Trois clébards ont la bonne idée de venir se coucher sur nos pieds glacés. Petits frissons dans le dos et éternuements. Trente-cinq degrés à Tbilissi, douze à Kazbegi. On s’est fait avoir. Faites chauffer le Néo-Citran.